"Én dolgozni akarok" EMLÉKPAD. József Attila 1905-1936

 dolgozni akarok Jozsef Attila 1905-1937

lundi 4 juillet 2011

NUIT DU FAUBOURG

NUIT DU FAUBOURG (KÜLVÁROSI ÉJ)

Dans I’arriére-cour, la lumiére

Souléve son filet sans se presser.

Comme un trou est plein d'eau dans la riviere,

Déjá notre cuisine Test dans l'obscurité.

Silence. Une brossé a récurer paraít se dresser

Sur ses pattes,

Et se mertre á grimper.

Au-dessus d'elle, un morceau de platre

Est perplexe : doit-il se laisser tomber ?

Dans ses loques d'huile toute grasse,

Sur fond de ciel, la nuit soupire et devient immobilé.

Elle s'assoit aux confins de la ville,

Puis titubant traverse une place,

Et pour éclairer allume un coin de lune.



Les murs d'usines

Se profilent comme des ruines,

Et déjá des ténébres plus tenaces

Au-d'elles se ramassent

En socles de silence.

Par les vitres des filatures,

Les rayons de la lune descendent

En faisceaux.

Dans les salles obscures

Ce sont les fils qui se tendent

Sut les métiers á créneaux.

Et tant que le travail est arreté, jusqu'au matin,

Les machines mornes tissent sans fin

Les réves friables des fíleuses.

Et plus loin, cimetiére avec ses voútes;

Cimenteries, ateliers mécaniques, fonderies de minerai,

Autant de caveaux de famille qui résonnent,

Gardant tous le secret

D'une résurrection sans joie pour personne.

Un chat gratte une barriére

Et le veilleur de nuit superstitieux

Voit des feux follets, des signaux sournois.

Les dynamos comme des élytres

Brillent d'un éclat froid.

Un train siffle.

L'humide fouille 1'obscuríté

Dans les feuilles d'un arbre tombé

Et se fait lourde

La poussiére sur la route.

Dans la rue un agent, un ouvrier loquace.

Parfois, trés vite, un camarade passe,

Des tracts sous le bras,

Flaire vers l'avant comme un chien et tend comme un chat

L'oreille vers l'arriére,

Faisant un crochet á chaque réverbére.

La gueule du cabaret vomit une lumiére pourrie.

Les fenétres dégobillent des flaques.

A I’intérieur, une lampe hoquette et vacille.

L n seul cíient, un journalier.

Le cabaretier somnole en reniflant.

Vers le mur 1'ouvrier grince des dents,

Er son cafard fait un grand bond. .

fi pleure, il acclame la révolution.

Comme la fonté refroídie,

Les eaux qui résonnent sont engourdies.

Le vént court comme un chien qui vagabonde,

Sa langue pendante touche les eaux

Et les aspire á la ronde. Des paillasses,

des radeaux nagent Sur les flots de la nuit sauvage.

Lentrepot est une barque qui a échoué,

La fonderie une périssoire en fer,

Et le creuset voit des bébés

Rougeoyant dans ses moules ouverts :

Tout est lourd, tout est humide.

La moisissure a dressé la carte

Des pays d'oú la misére jamais ne s'écarte.

Et plus lóin dans les prés arides,

Sur une herbe usée, des chiffons de papier

Voudraient ramper.

fis remuent assez,

Mais n'ontpas la force de s'ébrouer.

Le flottement des draps douteux

Ent l'image de ton vent coílant et loqueteux, Ó nuit.

Tu te suspends au ciel comme la cretonne

Efíilochée sur sa corde et comme la tristesse monotone

Sur la vie, ó nuit.

Nuit des pauvres, deviens brasier,

Brúle et fume dans mon coeur chaud,

Fais couler ce que je porté d'acier,

Fais que je sois 1'enclume sans défaut,

Le marteau qui siffle sa trajectoire,

Lame rapidé de la victoire, Ó nuit.

La nuit est morne, lourde et sans flamme.

Je m'en vais aussi, mes fréres, dormir aprés l'effort.

Que la souffrance épargne notre áme.

Que la vermine épargne nos corps !

1932

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