Enfant, tu m’as rendu
Enfant, tu m’as rendu. La peine a eu beau
me grandir durant trente hivers glacials.
Je ne sais pas marcher, tranquille, je ne peux pas rester assis.
Vers toi, mes membres me poussent, me tirent.
Je te tiens entre mes dents, la chienne son chiot
et je m’enfuirais pour éviter qu’ils me nouent la gorge.
Les années qui ont brisé mon sort,
sont déversées sur moi par chaque seconde.
Nourris-moi, regarde – j’ai faim. Couvre-moi – j’ai froid.
Je suis stupide – instruis-moi.
Ton absence me traverse, comme courant d’air la maison.
Dis - que la peur m’abandonne.
Tu m’as regardé et j’ai tout oublié.
Tu m’as écouté et ma parole s’est coupée.
Fais que je ne sois plus aussi intraitable ;
que je sache vivre, mourir, seul capable !
Ma mère m’a chassé – je couchais sur le seuil –
je me serais empeloté mais impossible –
en dessous du rocher et en dessus du vide.
Oh, envie de dormir ! Je viens frapper à ta fenêtre.
Nombreux vivent insensibles, autant que moi,
de leurs yeux, quand même, des larmes s’écoulent .
Je t’aime très fort, puisque même moi,
j’ai appris à m’aimer beaucoup avec toi.
Ils étaient nombreux, ils m’encerclaient,
dans mon rêve, ils se moquaient :
« Ha ha, c’est lui qui a l’or
qui dort ? »
J’ai posé mon âme dans ma paume :
regarde, quel beau caléidoscope !
Mais Lui, il a sorti des diamants !
parce que Lui, il ne peut nous comprendre.
1936.
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