"Én dolgozni akarok" EMLÉKPAD. József Attila 1905-1936

 dolgozni akarok Jozsef Attila 1905-1937

samedi 11 juin 2011

DIS-MOI QUEL SERA LE SORT.

DIS-MOI QUEL SERA LE SORT

(MONDD MIT ÉRLEL)

Dis-moi quel sera le sort de celui

Qui n'a pas mérne un manche de pioche ?

Sur son chemin le souci le poursuit,

Jamais sur sa langue un brin de brioche.

II voudrait planter des pommes de terre

Mais de terrain libre il n'est plus un pouce.

Ses cheveux s'en vont par méches entiéres,

Lui ne voit rien du destin qui le pousse.

Dis-moi quel sera le sort de celui

Qui n'a que cinq arpents pour ses emblaves ?

Son coq décharné racle des débris

Et seuls les soucis nichent dans sa cave.

Son joug se tait, on n'entend point ses boeufs,

Comme il n'en a point, plus de meuglements.

Seul le fond du plat fume encore un peu

Lorsqu'il fait manger son petit enfant.

Dis-moi quel sera le sort de celui

Gagnant pour lui seul sa vie de maudit ?

Point de fumet dans la soupe qui cuit,

Et l'épicier ne fait plus de credit.

Pour se chauffer il n'a que son vieux siége.

Un chat s'étend sur son poéle ébréché.

Avec sa clef il invente un solfége,

L'oeil amer et seul il va se coucher.

Dis-moi quel sera le sort de celui

Qui pour nöurrir les siens toujours travaille ?

Seule l'ainée file au ciné la nuit.

Pour un trognon, chez lui l'on se chamaille.

A laver sans fin, la femme s'éreinte,

Un relent de choux demeure en sa bouche;

Le silence écoute et les ombres bougent.

Dis-moi quel sera le sort de celui

Qui tout autour de la fabrique traine ?

La, des enfants posent leur front pali,

Une femme a pris sa place á la chaíne,

Par la palissade á quoi bon s'il guette,

II a beau porter cabas ou panier,

S'il dórt on le bat pour le réveiller

Et s'il maraude aussitót on I’arréte.

Dis-moi quel sera le sort de celui

Qui pése tout dans un mauvais papier ?

Tout á credit : le pain, le sel, les fruits.

La balance, a quoi bon la nettoyer ?

Dans la lumiére avaré, il se lamente :

Trop de loyer á payer et d'impots,

II ne gagne rien quand bien méme il tente

De majorer le pétrole un peu trop.

Et dis quel sera le sort de celui

Qui est poéte et qui chante inquiet ?

II court aprés les travaux de copie,

Sa femme lave á grandé eau les parquets.

Son nom ce n'est qu'un sceau sans importance,

Tels ceux qu'on voit aux produits d'entretien.

Mais s'il vit un jour íme autre existence,

Elle appartient aux temps prolétariens.

1932

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