"Én dolgozni akarok" EMLÉKPAD. József Attila 1905-1936

 dolgozni akarok Jozsef Attila 1905-1937

mardi 28 juin 2011

OUVRIERS

OUVRIERS (MUNKÁSOK)


Tournant, virevoltant, les gens du capital

 Ont fait claquer leurs crocs qui déchirent le monde.

Ils dévorent la douce Asie, I’Afrique hirsute,

Abattent les hameaux comme des nids d'oiseaux.

La mer, salive immense! On produit, on s'empiffre.

Bouche du capital: elle est béante et jaune;

Sur les petits pays se terrant, son haleine

Se répand. Un puant nuage nous recouvre.



Des molaires mastiquent ces coriaces faubourgs

Oú la mine exhale un atroce vent de fer.

Machines trépidant et chaines bourdonnantes

Se plaignent, et gémissent les planches des caisses,

Et les transformateurs, dans leurs piaillements aigres,

Des métalliques dynamos tétent les seins.

C'est Iá que nous vivons, les femmes, les enfants

Et les agitateurs, unissant nos destins.


La nous vivons. Nos nerfs sont des filets tremblants

Oú  les poissons glissants du passé se débattent.

Prix de la force du travail, notre salaire

Quand nous rentrons chez nous fait criailler nos poches.

Sur la table, du pain et du papier journal,

Et ce Journal écrit pour nous: vous étes libres.

Quinquet et volupté chasserom les punaises.

Pour notre honneur, lampons notre vin coupé d'eau!


Marchent dans le silence indics et camarades,

Et trébuche I’ivrogne, et au bordel on traíne...

La nuit se vautre et ses seins piqués d'eczéma

Débordent la chemise sale des fumées.

C'est notre vie. D'un mauvais, d'un ronflant sommeil

 Nous dormons, pareils á des buches entassées.

 Sous notre nez le mur humide et qui s'effrite

Dessine en creux nos frontíéres nationales.


C'est cela la classe ouvriére, camarades.

L'a revétue de fer notre lutte de classes.

Cheminées, nous sommes debout pour qu'on le voie.

Persécutés, pour elle aussi nous nous cachons.

L'Histoire est une chaine et nous sommes dedans.

C'est de cette facon que se fera le monde.

Sur la ténébre de 1'usine, l'ouvrier

Pour l'homme élévera une étoile de fonte.
 
Décembre 1931

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