"Én dolgozni akarok" EMLÉKPAD. József Attila 1905-1936

 dolgozni akarok Jozsef Attila 1905-1937

mercredi 18 mai 2011

Le septième .

Le septième – Attila József


Si tu bâtis ta demeure en ce monde-là,
que ta mère t’enfante sept fois!
Une fois dans une maison en feu,
une fois à la montée des eaux,
une fois en maison de fous,
une fois en champ de blé doux,
une fois en cloître sonore,
une fois en étable à porcs.
Les six vagissent, mais en vain.
À toi d’être le septième!

Si un jour l’ennemi te devance,
qu’il y en ait sept qui s’avancent.
Un qui est juste en permission,
un qui remplit bien sa mission,
un qui enseigne le monde sans ménager,
un que dans l’eau on jette pour nager,
un qui est le germe des bois,
un pour qui ses aïeux guerroient,
la ruse, la feinte ne suffisent point, –
à toi d’être le septième!

Si tu allais après une amante,
qu’il y en ait sept qui l’attendent.
Un qui donne le cœur de sa parole,
un qui paye sans broncher son obole,
un qui fasse habilement le songeur,
un qui explose la jupe sans peur,
un qui sache où est l’agrafe,
un qui foule sans gêne l’écharpe, –
que tout autour, affamés, ils essaiment!
À toi d’être le septième!

Si, à fonds perdus, tu t’adonnes aux vers,
qu’il y en ait sept pour ce faire.
Un qui pose un village de marbre,
un qui dormait au moment de naître,
un qui mesure le ciel et ne dise guère non,
un que le mot appelle par son nom,
un qui emmanche son âme hardiment,
un qui dissèque le rat vivant.
Deux vaillants et quatre savants de même, –
à toi d’être le septième!

Et si tout cela fut comme écrit,
qu’en sept hommes tu sois enseveli,
Un qui se berce sur un sein allaitant,
un qui vers un sein dur se tend,
un qui rejette le vase creux à temps,
un qui rend le pauvre triomphant,
un qui œuvre, la raison détraquée,
un qui vers la Lune ait le regard braqué :
C’est sous la tombe du monde que tu te démènes!
À toi d’être le septième!

1932

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