le chien
Il était si débraillé et gluant
jaune flamme était sa fourrure
efflanqué par la faim,
chaviré par le désir.
par sa taille attristée
le vent de nuit si froid
allait comme fumée au loin.
Il courrait, mendiait.
dans ses yeux vivaient
des églises prisonnières et en soupirs
et il cherchait intensément
un quignon de pain ou son équivalent.
Tant de pitié est montée pour lui
en moi, comme si ce pauvre chien
sourdait de moi-même.
Et, le monde m'ayant épuisé
je voyais alors enfin toute chose.
Nous allons au lit,
car nous sommes censés le faire
car la nuit arrive,
et la misère nous précipite enfin
dans le noir sommeil.
Cependant, avant cela,
gisant comme la ville,
sans parler sous la couverture froide
de fatigue et de pureté
tous ensemble,
de cette cachette quotidienne,
du dedans de nous,
cela monte hors de nous,
lui ce chien, si affamé
si débraillé et gluant,
et cela cherche
une litière de Dieu
des fragments de Dieu.
Premier semestre 1924
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