"Én dolgozni akarok" EMLÉKPAD. József Attila 1905-1936

 dolgozni akarok Jozsef Attila 1905-1937

lundi 6 juin 2011

DE L’AIR.

DE L’AIR!


Ce qui me tourmentait, marchant vers ma maison,
Qui m’empêcherait de le dire?
La tiède obscurité tombait sur le gazon,
On eût dit du velours liquide,
Et sous mes pieds voici, plein d’un geignement doux,
Comme en ont les enfants qu’on a roués de coups,
Le tournoi des feuilles livides.

Et puis, guetteurs en rond, voilà les noirs bosquets;
On est aux abords de la ville.
Prudent, le vent boiteux d’automne a bifurqué
Et, sous les réverbères, brille
Comme un œil soupçonneux, le terreau retourné.
Mais un canard s’est mis près de moi à corner,
Tiré de son sommeil tranquille.

Dans ce désert, me suis-je dit, si l’on savait,
On pourrait m’attaquer à l’aise!
Précisément, voici quelqu’un! Mais ce n’était
Qu’un passant. Il passe et me laisse.
Je le regarde qui s’éloigne. Il pourrait bien
Me voler, me frapper! je ne lutterais point:
Trop grande est, ce soir, ma détresse.

Ce que j’ai dit au téléphone – à qui? pourquoi? –
Qu’à leur guise ils le vérifient!
De tout ce que je rêve et qu’on rêve avec moi,
Qu’ils fassent un dossier perfide!
Savoir quand vous aurez groupé suffisamment
De preuves, de motifs, dans ce beau document
Qui viole les droits de ma vie!

Car dans tout le pays les villages mourants
– Dans l’un d’entre eux naquit ma mère –
Sont là, pour entourer l’arbre du droit vivant,
Telles ces feuilles éphémères,
Ces feuilles qu’on écrase – Oui, ce sort est le leur!
Mais de bruire, aussi, pour dire leur malheur
Avant de finir en poussière!

Ce que vous appelez l’ordre, je m’y sens mal,
Cet ordre-là, je le refuse,
De même que la vie confortable où s’installe
Celui qui a un peu d’astuce.
Je ne veux pas d’un peuple qui tremble en votant,
Qui mijote, l’œil bas, des avis de Normand
Et qu’un repas funèbre amuse.

L’ordre que vous prêchez n’est pas l’ordre pour moi!
Déjà, je ne pouvais comprendre,
Etant enfant, pourquoi l’on me battait, pourquoi
– Quand, pour une parole tendre,
Je me serais jeté de bon cœur dans le feu –
Mais seulement que j’étais seul et malheureux,
Et maman trop loin pour m’entendre.

Mais aujourd’hui je suis un homme. Un métal froid
A recouvert mes dents mauvaises,
Comme la mort mon cœur… Mais il y a mon droit!
Et n’étant pas encore glaise,
Ou cendre, ou pur esprit, je ne saurais trouver
De valeur à ma peau, s’il faut pour la sauver,
Que je me soumette et me taise.

Ma conscience est mon seul maître! Sommes-nous
Hommes, ou bien bêtes sauvages?
Nous avons un cerveau! Un cœur dont chaque coup
De tout dossier brise la cage!
Arrive, Liberté! Enfante l’ordre vrai!
Que ta bonté l’enseigne! Et laisse ensuite, en paix,
Jouer ton enfant bel et grave!

21 Novembre 1935.

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