"Én dolgozni akarok" EMLÉKPAD. József Attila 1905-1936

 dolgozni akarok Jozsef Attila 1905-1937

mercredi 29 juin 2011

EVEIL (ESZMÉLET)

EVEIL (ESZMÉLET)

1

Du sol, le ciel s'est écarté

et l'aube a la parole pure

fait rouler dans cette clarté

des essaims de progéniture ;

limpidité, l'air est sans brume,

y flotte la légèreté !

La nuit, des papillons feuillus

se sont sur les branches plantés.

2

J'ai rêvé quelques brouillons peints

en rouge, bleu, jaune abricot ;

j'y voyais l'Ordre même - et rien,

pas un grain n'y faisait défaut.

Ces images sombraient trop tôt –

mais malgré notre ordre d'airain,

de nuit, mon soleil brille en haut,

et ma lune, au jour, ne s'éteint.

3

Je suis bien maigre : un peu de pain,

voila ma pitance ; entouré

d'âmes déchues, sans un rotin,

je cherche plus sûr que les dés.

Je ne jouis pas des baisers

ni d'un rôti ni d'un enfant –

nul chat ne saura attraper

la souris dehors et dedans.

4

Le monde ou tout se superpose

est comme du bois entassé

dont les buches, effets et causes,

se tiennent serrées et pressées,

les voici donc déterminées.

Du seul néant pousse la rose,

fleurira seul qui n'est pas né ;

tout ce qui est se décompose.

5

A la gare de marchandises

je me tapis au pied d'un arbre,

tel le silence ; une herbe grise

m'effleura, crudité douceâtre.

Je scrutais, figé en cadavre,

l'air du gardien dont l'ombre avide

vint des wagons muets s'abattre

sur le charbon encore humide.

6

A l'intérieur est la souffrance,

mais au-dehors est sa raison.

Ta blessure est ce monde ardent,

mais 1'áme en fièvre ta lésion.

Le rebelle resté en prison –

La liberté vient seulement

si tu te construis ta maison

sans propriétaire dedans.


7

Je regardai du fond du soir

les roues dentées du firmament

des fils scintillants du hasard

y fut tissée la loi du temps.

Du fond de mes rêves déments

je passai un nouveau regard

et vis que le dit tissu tend

á crever toujours quelque part.


8

Silence au guet - une heure tinte.

Rentre á tes débuts, rentre aux gris

murs moites en ciment qui suintent,

et t'imagine libre, ami

- me dis-je. Et, me levant, je vis

qu'au ciel, au-dessus de ma tête,

les Grands Chariots brillaient : des grilles

sur quelque cellule muette.


9


J'ai entendu le fer pleurer

et entendu rire la pluie.

J'ai vu se fendre le passé ;

les idées fixes qu'on oublie ;

sous mes fardeaux lourds, je ne puis

rien entreprendre, sauf aimer –

ó pourquoi, conscience qui luis

dois-tu être en arme forgée ?


10

Est admit le seul celui qui

n'a dans le cœur aucun parent

et sait qu'il doit rendre sa vie,

a la mort simple supplément,

comme un objet trouvé se rend ;

celui qui jamais n'officie,

qui n'est le dieu ou révérend

ni de lui-même ni d'autrui.

11


Le grand bonheur, le bonheur doux

pesant deux quintaux, je l'ai vu.

Sur l'herbe austère de la cour

tanguait son sourire crépu.

Dans la flaque tiède étendu

il grogna vers moi, et le jour

caressait, hésitant, ses rudes

soies blondes - je le vois toujours.


12


C'est tout prés des rails que j'habite,

prés du va-et-vient permanent

des vitres de train comme en fuite

dans le vent nocturne, ondoyant.

Ils foncent éternellement

dans la nuit, jours qui se font suite –

Dans chacun des compartiments

c'est moi qui m'accoude et médite.


1933-1934

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