vendredi 27 mai 2011
SALUT À THOMAS MANN.
SALUT À THOMAS MANN
Comme un enfant espérant la visite
Du repos et qui soudain te prie, de son lit,
Craignant les assauts de la nuit:
“Raconte-moi, ne t’en va pas si vite!”
Tandis que de frayeur, son petit cœur palpite,
Que lui-même, l’enfant, peut-être ne sait pas
Quelle est sa préférence,
S’il aime mieux ta voix
Ou si plus que le conte, il aime ta présence,
Ainsi, nous t’en prions, parmi nous, viens t’asseoir.
Nous en avons bien souvenance.
Mais conte, recommence,
Ne nous laisse point choir.
Redis-nous que nous sommes…
Tous ensemble ce soir!
Tous ceux dont les soucis semblent dignes des hommes.
Dis la vérité sans surseoir.
Bien plus que le réel, il nous faut la connaître.
Le poète
Ne ment jamais!
Dis-nous la vérité. Montre-nous la lumière.
Que ses rais
Eclairent notre esprit d’une clarté première.
Tel Hans Castorp qui voit,
Au travers de la chair de madame Chauchat,
En nous-mêmes, fais-nous descendre.
Tes mots capitonnés,
Nul bruit ne pourrait les pourfendre.
Dis-nous le Beau, dis-nous le Mal, fais-nous comprendre.
Hausse nos cœurs du deuil aux désirs affinés.
Kosztolányi, nous l’avons mis en terre.
Ainsi que le cancer rongeait son pauvre corps,
Ainsi plus d’un Etat, monstrueux et retors,
Ronge l’humanité, poursuit le pauvre hère.
Frissonnant, nous pensons: “Demain, qu’adviendra-t-il?
Quel sera le péril,
Les cannibalesques idées?
Prépare-t-on,
Pour mieux nous asservir, de nouvelles cuvées
De poison?”
Combien de temps encore
Se trouvera-t-il un endroit où, librement,
Tu puisses parler… on l’ignore!
En t’écoutant,
Les hommes que nous sommes
Doivent rester des hommes.
Pas de relâchement!
Et que les femmes, quant à elles,
Restent libres, restent charmantes, restent belles.
Et tous, demeurons des humains.
On les compte,
Car il en est de moins en moins.
Prends place et dans les règles, commence le conte.
Simplement te regarderont certaines gens,
Qui, comme nous, seront à ton écoute,
Heureux de voir, sans aucun doute,
Un Européen, aujourd’hui, parmi les Blancs.
1937. Janvier
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