"Én dolgozni akarok" EMLÉKPAD. József Attila 1905-1936

 dolgozni akarok Jozsef Attila 1905-1937

mercredi 22 juin 2011

DANS CETTE BANLIEUE ÉNORME...

DANS CETTÉ BANLIEUE ÉNORME...

(A VÁROS PEREMÉN)


Dans cetté banlieue énorme oú je vis,

Quand croulent les crépuscules,

Ailes tournoyant de chauves-souris,

Ailes douces qui circulent,

Tombe comme un puant guanó de suie

Qui lentement s'accumule.

Ainsi les temps noirs sur notre áme pésent

Et comme les lourdes pluies,

Loques d'eau roulant du ciel et lavant

Les toits aux toles pourries,

En vain la douleur lave en notre coeur

La laideur déjá durcie.


Le sang lave aussi : voilá qui nous sommes!

Peuple, espéce, neuve école...

Et nous prononcons autrement les mots,

Autrement nos cheveux collent.

Ne nous ont créés ni dieux ni raison

Mais charbon, fer et pétrole.


De la société sans nom, sans pitié,

Pauvre glu, on nous coula

Dans des moules de métal dur, cruels,

Brulants et universels :

Cloués la au nom de l'humanité,

Rivés au sol éternél.


Aprés les soldats, prétres et bourgeois,

Nous voilá nous, les fidéles,

Des Tables de la Loi dépositaires;

Voilá pourquoi nous appelle

Le sens de chaque oeuvre humaine qui chante

En nous comme un violoncelle!


Depuis que naquit le monde solaire,

A travers tant de possibles,

Jamais, non, jamais on ne voulut tant

Détruire I’indestructible.

Choléra, famine, armes, fanatisme :

Tout fléau nous prit pour cible.


Jamais comme alors, vainqueur du futur,

Autant ne fut humilié

L'homme en chacun de nous,

par vos bons soins,

Sous le soleil irradié !

Mais d'avoir baissé nos yeux vers la terre,

Son secret s'est éveillé...


Et voyez combién la bonne machine

Déjá s'est ensauvagée!

S'écrasent, sans nom, les petits villages

Comme glace fracassée,

S'écroulent les murs et tonne le ciel

Quand elle éructe, grisée !



Qui 1'arrétera ? Est-ce le seigneur,

Par son molosse transi ?

Holá! notre enfance est bien son enfance,

Avec nous elle a grandi... Béte douce, certes...

appelez-la donc :

Son nom, nous l'avons appris !


Et nous vous voyons bientot á genoux

Avec votre áme avilie,

Préts á adorer cetté mécanique

De votre travail pétrie

Mais qui n'arrive á aimer, á servir

Que la main qui I’a nourrie.



Nous sommes lá tous, soupgonneux, ensemble

Nous enfants de la matiére :

Gonflez-nous d'esprit! Nos coeurs sont á qui

Nous fait Fámé plus altiére.

Celui, seul, sera riche de puissance

Qu'emplira notre lumiére.



Haut les coeurs, vous tous! Haut sur les usines!

Seul qui, parmi les sanies

Des cités, vit un soleil se noyer,

Qui dans la mine en folie

Sentit vibrer la térre, a ce cceur large,

Large et barbouillé de suie!

Debout tous ! Sur la terre partagée,

Que gémissent et chancellent,

Soufflés, culbutés, les murs, les clotures,

Que notre ciel étincelle

Et tonne et gronde en haut, hardi, hardi!

Que tout bouillonne et appelle !


Jusqu'á ce beau jour oú sera limpide

Le miracle en nous vainqueur :

Celui de l'esprit qui méle en nos cceurs ,

L'infini et le fini

Et, hors de nous, puissance créatrice :

Et sagesse de I’instinct...


Siffle notre chant au bord des banlieues,

Le poéte au crépuscule

Contemp|e le ciel et la suie qui tombe, :

Ailes douces qui circulent,

Lent guanó qui sur le sol se dépose

Et partout s'accumule...


Poéte - et le verbe a sa bouche bruit -,

Technicien de la magié :

Écoutez-le déchiffrer I’avenir!

IL lie et délié I’obscur

Et comme vous aux prises avec les choses

Veut rebátir I’harmonie!


Printemps 1933

1 commentaire:

  1. Dear Linda.
    Thanks for your visite my blog. You are always welcome. Wish you a very nice weekend.
    Hugs from Moni

    RépondreSupprimer