LA Foule (TÖMEG)
« Du travail et du pain !
Du travail et du pain ! »
La foule. la foule déferle.
Des coups jaillissent de ses poings.
Mouches folles qui se disputent.
Rochers en parcelles menues étincelles.
Comme quand. sur la cervelle.
()n a pris un coup et que on en revient...
La foule
Est une immense forêt qui s'écoule.
Si elle s'arrête. le sang jaillit de ses racines.
Ses pieds. ses mains sont des terres fertiles.
Son pain ? des montagnes !Plus de cent mille !
Ce que l'on boit ferait tout le broullard du monde !
Mais le brouillard peut bien envelopper les monts :
La foule. elle. manque de pain
Comme la pâte de ce pain. elle est roulée.
Pétrie et ballotée.
La foule!
Cellule-mére qui se boursoufle.
Elle déploie ses tentacules
Et comme l'amibe se dédouble.
Absorbant d'autres molécules.
Monde, oh monde. la foule va t'engloutir.
Ses racines arrachent des nuées.
Ses dents mal plantées. caríées.
Ce sont les bátisses lépreuses.
Elle s'agite. elle allonge sa main miséreuse
Vers les granges. les usines.
Vers les blés que l'on entasse.
Vers la journée de sept heures.
Vers la Grande Ourse et la Pléiade
Et, dans les plaines désertiques.
Vers leau jaillissante et sa fraícheur.
Mes pères qui suez et qui courbez la téte.
Mes douces filles maigrelettes.
C’est la foule...
Autour d'elle les bouches de fer de la patrouille...
La paille aussi voudrait entrainer le fleuve.
Elle se croit forte.
Mais c'est lui gui la saisit et qui L'emporte
Entrainant de même en son flot
Bancs,voitures cageots
Et les vagues et les chevaux
Et
L'épée tirée du fourreau...
Oh !
Contre la foule rien ne vaut :
Maudire ou marchander le silence ou les mots..
Ceux-la
Sont la batisse et les batisseurs á la fois
En bas les fondations et en haut le toit
Les manoeuvres et ceux qui tracent les schémas
Vivent les ouvriers et les paysans !
De L'astuce bourgeoise ils déjoueront les plans !
Des millions de pieds le mettront sur le flanc !
Ohé,la foule !En avant !En avant !
01 septembre 1930
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